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Abdelkrim Raddadi, de la diplomatie à l’édition (Photos)

Ph Karim Fezzazi

Abdelkrim Raddadi : une mémoire marocaine en images et en mots

Écrivain, traducteur, photographe, acteur discret mais influent de la scène culturelle marocaine, Abdelkrim Raddadi s’est imposé au fil des années comme une figure singulière, passionnée par la sauvegarde de la mémoire collective du Maroc. À la croisée de l’image, du récit et de l’engagement culturel, son travail documente avec sensibilité les espaces de vie, les patrimoines oubliés, les lieux de sociabilité et les visages d’un Maroc en mutation.

Longtemps chargé des affaires culturelles au Consulat général des États-Unis à Casablanca, Abdelkrim Raddadi a joué un rôle clé dans le développement des échanges culturels entre le Maroc et les États-Unis. Aux côtés de plusieurs consuls américains, il a initié ou accompagné des projets artistiques, des résidences, des rencontres littéraires et des programmes de coopération bilatérale. Ce travail de terrain, au contact des créateurs et des institutions, a nourri une connaissance fine du paysage culturel marocain.

Mais c’est dans l’édition indépendante, et plus particulièrement dans le livre photographique, que Raddadi trouve son terrain d’expression privilégié. Il y conjugue son regard de photographe, sa plume de narrateur, et son souci de transmission.

Un Maroc vivant et pluriel

Parmi ses œuvres les plus notables, deux ouvrages illustrent la richesse de sa démarche :

  • « Settat, le passé et le présent » (La Croisée des Chemins, 2023) : véritable fresque trilingue (français, arabe, anglais) de la ville de Settat, ce livre mêle photographies, textes historiques et récits contemporains. Il témoigne du profond attachement de Raddadi à la mémoire des villes marocaines, à leur urbanité en transformation, à leur culture enracinée.

  • « Les cafés au Maroc » (Marsam, 2024) : ouvrage photographique ambitieux qui recense près de 90 cafés emblématiques à travers le pays. Au-delà du lieu, c’est tout un mode de vie marocain que l’auteur met en lumière : celui des rencontres, du débat, de la lenteur et du lien social. D’un café de Tanger à une terrasse d’Errachidia, en passant par les établissements populaires de Casablanca, ce travail révèle une mosaïque d’identités locales.

L’homme derrière l’objectif

Loin des projecteurs, Abdelkrim Raddadi poursuit une œuvre fidèle à ses valeurs : rigueur documentaire, respect du réel, amour du détail. Son regard est celui d’un observateur engagé, attentif à ce qui se perd, à ce qui résiste, à ce qui mérite d’être transmis. Chaque projet est pour lui une manière de rendre hommage à un pan du patrimoine national, mais aussi d’alerter – sans discours – sur la nécessité de préserver les traces du passé.

Dans un Maroc en plein bouleversement, où les traditions se croisent aux innovations, l’œuvre d’Abdelkrim Raddadi se présente comme une archive sensible, poétique et durable. Un travail précieux pour les générations présentes et futures.

Karim Fezzazi

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